C’est Grégory qui cette fois brisa la glace avec, une fois n’est pas coutume, deux romans. Le premier, La Ferme des animaux de George Orwell, est un classique de l’un des pionniers du roman d’anticipation. Les héros du roman sont des animaux qui prennent le pouvoir dans une ferme pour sortir de l’esclavagisme des humains. Le premier niveau de lecture de ce roman est très simple et ludique, mais le deuxième niveau prend les dimensions d’une fable politique. L’inspiration d’Orwell lors de l’écriture de cet ouvrage fut la Révolution russe de 1917 et la dérive vers l’autoritarisme qui s'ensuivit. Les animaux sont des portraits d’hommes politiques célèbres : Napoléon, Staline, Lénine. C’est une introspection sur l’histoire du XXe siècle. Cet ouvrage est disponible à la médiathèque.
Avec Ravage de René Barjavel, roman écrit 2 ans avant celui d’Orwell, en 1943, on imagine la société parisienne 100 ans après, en 2040. La population française s’est encore plus regroupée dans la capitale, la société est devenue extrêmement technophile. Les cadavres des gens sont cryogénisés et on leur redonne la vie. L’énergie nécessaire au fonctionnement de cette technologie vient à manquer et toute la société s’effondre, provoquant catastrophes et famines. Les héros tentent de quitter Paris pour renouer avec leurs instincts et repartir de zéro. L’utopie de la ville est tombée. Ravage est disponible à la médiathèque.
Kimia a présenté Normal rules don’t apply ou Les règles normales ne s’appliquent pas de Kate Atkinson, une autrice britannique. Ce livre n’a à ce jour pas été traduit en français. C’est un recueil d’onze histoires drôles, charmantes, étranges et poignantes qui sont vaguement interconnectées, teintées d'une angoisse existentielle de fin du monde. Ce livre est une véritable subversion des attentes qui laisse le lecteur avec un sentiment de léger décalage. La première histoire, The Void, met en scène ce qui semble être une réinitialisation de l'univers qui provoque la mort de beaucoup d’humains et d’animaux, et qui se produit avec une régularité alarmante.
Anita a présenté La vie invisible d’Addie Larue de V.E. Schwab. Cette histoire raconte la fuite d’une jeune française de 17 ans vivant au XVIIIe siècle, face à un mariage forcé avec un villageois, veuf et déjà père d'une tripotée d'enfants… Elle ne se marie pas, se cache dans la forêt où elle rencontre et pactise avec le Diable qui lui offre la vie éternelle en même temps qu’il la rend invisible. Elle commence alors une nouvelle vie, mais sera malheureuse durant des siècles, car les gens ne se souviennent pas d'elle. Ne pouvant, alors, ni travailler, ni nouer de relations, elle vivra de 1714 à 2014 au Mans, à New York en passant par Paris.
Natasha a présenté Les dangers de fumer au lit de Mariana Enriquez, autrice argentine connue pour ses romans qui mêlent l’horreur au surnaturel. C’est un recueil de 12 nouvelles glauques, terrifiantes, dérangeantes, mais en même temps extrêmement prenantes. Dans Le puits, une jeune femme écrasée par le poids de peurs irrationnelles découvre qu’elle a été offerte en pâture aux démons pour libérer ses aïeules, répondant à des croyances spirituelles argentines. Dans ces nouvelles, les femmes sont souvent victimes d’éléments surnaturels qui font en fait écho à de réelles souffrances liées à des années de dictature argentine. Marianna Enriquez fut également l’autrice du roman Notre part de nuit, qui a acquis une certaine notoriété.
Sophie a présenté la série du Sorceleur d’Andrzej Sapkowski, qui est l’une des références de ce qu’on appelle la “Dark fantasy”, c'est-à-dire un univers de fantasy plus violent ou plus sombre. Dans le premier livre de la série, on découvre le monde de Geralt de Riv, qui exerce le métier de sorceleur, sorte de mélange de chasseur de primes et de prêtre exorciste de magie noire. Il évolue dans un Moyen Âge européen fantasmé et peuplé de créatures fantastiques et effrayantes. La série explore de manière intéressante la moralité très changeante de son personnage principal, qui aide tantôt les autres à changer leur sort peu enviable, et tantôt est un hors-la-loi sanguinaire. La série du Sorceleur est en cours de reconstitution et sera bientôt disponible à la médiathèque.
Igor a présenté la BD 47 Cordes de Timothé Le Boucher disponible à la médiathèque. Dans cette BD aux traits fins et aux dialogues concis qui permettent de respirer, nous suivons le parcours du jeune Ambroise qui tente d’intégrer l’orchestre de son école de musique en tant que harpiste. Bel homme, il est harassé dès le début du livre par des femmes qui tentent de le séduire. Il apparaît très vite que tous ces personnages sont une même femme qui a le pouvoir de se métamorphoser pour prendre différentes apparences. Les dialogues sont modernes et sans artifices, l’histoire est teintée d’un érotisme subtil et inquiétant qui nous rappelle l’univers d’Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.
Igor a par ailleurs parlé du cycle de La Tour de Garde qui est l’une des révélations de la fantasy française de ces dernières années. Cette série se compose de deux histoires distinctes en trois volumes chacune, mais qui correspondent entre elles : la Capitale du Sud écrite par Guillaume Chamanadjian et la Capitale du Nord de Claire Duvivier. Intrigues politiques, trahisons de classes sociales, conséquences des politiques coloniales et même flux migratoires sont autant de réalités présentes dans cette série riche et pourtant facile d’accès. Cinq des six volumes de cette série sont empruntables à la médiathèque.
Karolina a présenté deux livres : L’Enfant perdue, 4e tome de l’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante. Ce roman clôt majestueusement cette fresque sociale italienne (qui n’a, à vrai dire, rien à voir avec la littérature de l’imaginaire). L’histoire est celle de deux amies : Elena et Lila, dans la ville de Naples des années 50 à nos jours. Dans cette Italie d'après-guerre, les circonstances historiques et personnelles de ces deux héroïnes vont les voir se rapprocher puis s’éloigner et enfin se retrouver encore. Cet ouvrage ainsi que la série de l’Amie prodigieuse sont disponibles à la médiathèque.
Le deuxième ouvrage présenté par Karolina fut Aurélia, le rêve et la vie de Gérard de Nerval. Ce récit, écrit à la fin de la vie de son auteur, en 1855, est une exploration poétique des frontières poreuses entre la vie et le rêve. Étrange livre qui se présente en même temps comme un conte fantastique, et comme une plongée douloureuse et autobiographique dans laquelle on a parfois pu chercher les raisons du suicide de son auteur. Aurélia fait partie des Œuvres complètes de Gérard de Nerval disponibles à la médiathèque en pléiade.