Journée internationale des femmes et des filles de la science | entretien avec Monika Lesiów | Institut français en Pologne

Aller au contenu
Formulaire de recherche

Journée internationale des femmes et des filles de la science | entretien avec Monika Lesiów

11/02/2025
Journée internationale des femmes et des filles de la science | entretien avec Monika Lesiów

Dans le monde, le pourcentage moyen de chercheuses est de 33.3%, et 35% de tous les étudiants dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) sont des femmes. En 2016, 30% des pays avait atteint la parité. Malgré des statistiques montrant des performances proches entre les filles et les garçons, les filles sont moins encouragées à entreprendre des études scientifiques, et les femmes occupent très peu de postes de haut niveau dans le domaine de la recherche. Seulement 22 femmes ont reçu un prix Nobel dans une discipline scientifique à ce jour. L’UNESCO souhaite faire la lumière sur ces inégalités et a institué La journée internationale des femmes et des filles de la science en 2016 pour promouvoir l’accès aux STEM pour ces dernières. Cette journée se tient tous les ans le 11 février.1
A cette occasion, le pôle de coopération scientifique et universitaire de l’Institut français de Pologne et de l’ambassade de France en Pologne, s’est entretenu avec Monica Lesiów, chercheuse à l’Université de Wrocław.

Pourriez-vous nous parler de vos parcours académique et professionnel ?

J’ai débuté mes études de chimie en 2010, plus précisément en biologie chimique, mais j’ai fait le choix de changer de spécialité pendant mon master en me dirigeant vers la chimie médicinale. J’ai ensuite continué en doctorat et une fois ma thèse soutenue, j’ai obtenu un poste d’enseignante-chercheuse à la faculté de chimie de l’Université de Wrocław. Dans ce cadre, je dispense des cours en laboratoire de chimie physique, tout en travaillant sur d’autres projets scientifiques. Mon but est de développer de nouvelles compétences afin de candidater à des programmes de bourses à l’international. De ce fait, en 2020 j’ai travaillé à l’Université de Sydney avec la professeure Elizabeth New. Plus tard, je suis allée en Hongrie, à l’Université de Debrecen pour collaborer avec la professeure Csilla Kallay et enfin, je me suis rendue l’an passé en France grâce au programme de bourses SSHN (Séjour Scientifique de Haut Niveau) à l’Université de Strasbourg, où j’ai été amenée à travailler avec le professeur Peter Faller. En parallèle de mes activités de recherche, j’enseigne à des étudiants de licence et de master et j’organise des ateliers sur les sciences pour les enfants.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux sciences, et pourquoi la biologie ?

Plus jeune, je ne me prédestinais pas à faire des sciences mon métier, bien au contraire  ! Nous pourrions même dire que ce fut loin d’être un coup de foudre. Je m’y suis intéressée quand nous avons commencé les cours sur les réactions chimiques au collège. Par la suite, j’ai rejoint un club de chimie et je faisais la promotion de cette science auprès de mes amis et de mon entourage. Au lycée, le seul cours de chimie dispensé était la biochimie, c’est donc ainsi que je me suis familiarisée à la biologie mais je pense que ce sont surtout mes professeurs qui m’ont transmis leur passion.

Pourquoi avez-vous poursuivi vers un doctorat ?

Durant mes années de master j’ai travaillé sur plusieurs sujets de recherche encore peu explorés, et j’ai eu envie de les approfondir. J’ai commencé par travailler sur les mécanismes à l’origine des cancers colorectaux, et cette première approche m’a conduit à poursuivre en doctorat pour mener plus avant mes recherches.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos recherches ?

Mes recherches postdoctorales se sont concentrées sur les mécanismes d’action des virus sur le corps humain, en particulier leur impact sur les poumons. Un élément clé de leur propagation est une protéine appelée Spike (péplomère). Une fois le virus entré dans les cellules humaines, on observe une augmentation significative du niveau de cuivre. Jusqu’à présent, l’interaction entre le cuivre et le virus n’avait pas été étudiée en détail, et c’est précisément cet aspect que j’ai voulu explorer. J’ai découvert que le contact entre le cuivre et le virus entraîne la génération de DRO (dérivés réactifs de l'oxygène) qui cause des dommages au niveau de l’ADN, des lipides et des protéines, affectant ainsi les cellules humaines et pouvant favoriser l’apparition de maladies.
Dans le cadre de mes recherches en Australie, j’ai cherché à confirmer ces interactions en étudiant plus précisément l’impact du cuivre sur des fragments de la protéine du Covid-19. Mon objectif était de comprendre si cette interaction générait un stress oxydatif dans les cellules et d’identifier où ce phénomène se produisait. J’ai pu démontrer que la rencontre entre le cuivre et ces fragments protéiques entraînait effectivement une production accrue d’espèces réactives de l’oxygène (ERO), des molécules qui peuvent endommager les structures cellulaires. Mes travaux ont également permis d’identifier que ce processus se déroulait principalement au niveau des mitochondries, les centrales énergétiques des cellules. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives de recherche, sur lesquelles je continue de travailler, notamment pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et explorer des approches thérapeutiques potentielles.

En 2024 vous avez effectué un séjour de recherche en France, à l’Université de Strasbourg. Qu’est-ce que ce séjour a apporté à votre carrière  ? Et quels sont, selon vous, les bénéfices pour la coopération scientifique franco-polonaise sur le long terme ?

Je tiens d’abord à vous remercier de m’avoir attribuée une bourse pour un séjour de recherche. Je remercie également le professeur Peter Faller et ses équipes de m’avoir si chaleureusement accueillie au sein de leur laboratoire.
J’ai toujours été intéressée par ses publications, et c’est d’ailleurs ce qui m’a motivée à candidater à un séjour de recherche dans le laboratoire qu’il dirige. Cette coopération m’a permis de développer de nouvelles perspectives de recherche sur lesquelles nous collaborons toujours. C’est pour cela que je prévois de lui rendre visite très prochainement afin d’avancer sur des travaux communs. J’aimerais demander de nouveaux financements afin de voir perdurer les différentes collaborations établies avec les chercheurs français rencontrés lors de ce séjour.

1 UNESCO. https://www.unesco.org/fr/days/women-girls-science